Quand tu pars à ton autre maison.

Je le sais que je devrais me réjouir, que tu sois aussi bien avec papa qu’avec moi. Mais c’est pas le cas. Tu sais petit poulet, les adultes ont à ce gros défaut qui s’appelle l’égoïsme. Ça veut dire qu’on pense à nous, avant de penser aux autres, avant même de penser à ceux qu’on aime parfois.

Quand tu as commencé à aller dans ton autre maison, avec papa. Je souffrais, chaque minute, chaque seconde que tu passais loin de moi. Je retenais mon souffle, jusqu’à ce que tu reviennes. Quand tu quittais, j’avais la peur viscérale de ne jamais plus te revoir. De ne jamais plus pouvoir te serrer contre mon cœur et de sentir ton odeur de bébé.

 Tu as grandit, puis est venu le terrible two et je vais l’admettre (même si c’est pas très joli à dire) j’en venais à avoir hâte au vendredi. Que tu quittes chez papa et que je puisse souffler un peu. Pourtant, dès que tu me faisais des byes byes par la fenêtre du salon, mon corps en entier s’emplissait de culpabilité. Puis j’avais peur qu’il t’arrive quelque chose, peur de ne pas être là pour te consoler.

source photo : pinterest

Tu as encore grandit, et tu t’es mis à me demander dans combien de dodos tu partais pour ton autre maison. Dans combien de dodos papa allait venir te chercher ? Tu pleure. parfois le soir parce qu’il te manque. On l’appelle, tu t’endors avec sa photo dans tes petits bras. Et ça me rend folle. Parce que Je vais aussi t’avouer mon amour, que les adultes on a cet autre défaut pas très beau : la jalousie. Ça me dérange de ne plus être le centre de ton monde, que ton papa soit capable de te consoler et de répondre à tes besoins aussi bien que moi.

Maintenant, quand tu quittes, la peur de ne jamais te revoir cède doucement la place à celle que ton autre maison devienne ta maison préférée. Que tu ne veule plus revenir ici. Ici, où on se couche tôt, où on se lave à tous les soirs et où on mange des légumes à chaque repas. Ici, où tu vas réfléchir et où tes privilèges te sont enlevés si tu ne respecte pas les règlements.

Je devrais trouver ça chouette pour toi, que tu puisse avoir cet endroit où tu peux écouter tous les films de superhéros que tu veux . Pas ceux en bonhommes là, les vrais. Chez papa tu peux te coucher tard , parce que tu te lèves aussi à l’heure que tu veux. Y’a pas de bébé loup que tu peux réveiller pendant sa sieste si tu parles trop fort, on ne te demande jamais de baisser ton volume. Je sais que le bain est très souvent optionnel et que tu as le choix entre plusieurs repas chaque soir.

J’ai peur qu’un jour, à l’adolescence probablement, tu veules aller habiter toujours dans ton autre maison. J’ai peur que tu me rejette, que tu oublie toutes ces nuits où je me suis levée pour te consoler quand tu faisais des mauvais rêves. Tous ces matins où tu es venu finir ta nuit dans mes bras. J’ai peur de te voir grandir, pour te voir partir encore plus souvent. Je te l’ai dit petit poulet, les adultes on a ce défaut : l’égoïsme.

Je sais bien que je dois m’adapter et prendre des décisions en fonction de tes besoins de petit garçon qui veut grandir auprès de ses deux parents, et non des miens, parce que tu nous aime autant. Je sais bien qu’éventuellement je devrai respecter tes choix, même s’ils me mettent au deuxième plan. Par amour pour toi. Parce que sinon. Je vais me retrouver seule, avec mon égoïsme.
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16 réflexions sur “Quand tu pars à ton autre maison.

  1. Je me suis retrouvé dans la peau du papa dans cette histoire et oui je suis coupable de bien vouloir tout te donner pour te faire oublier, le temps d’un weekend, mon absence mais aussi pour tenter tant bien que mal de me déculpabiliser. Je suis aussi egoïste et jaloux et ce, bien contre mon gré. Parfois je souhaite intérieurement que tu décide un jours de venir demeurer chez moi. Cette pensée me rend à la fois joyeux et angoissé car je devrais être comparé à ta maman avec qui tu as toujours vécu et qui te connais tellement mieux que moi. Ce que je tente de te dire mon amour, c’est que je t’aime plus que tout ma belle Leticia. J’espère qu’un jours tu pardonneras ma façon maladroite de t’aimer et de me faire pardonner car pour l’instant tu est trop petite pour comprendre ces choses de grands. Je serai toujours là pour toi…quelques pas derrière….mais toujours là mon amour xxx

    Papa

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    1. Je pensais justement à l’envers de la médaille; le papa. j’ai une belle fille de maintenant 8 ans et papa depuis qu’elle a 1 an fait tout son possible pour qu’elle ne l’oubli pas et combler le manque dans sa vie. parfois je comprend la mère (puisque j’en suis une maintenant aussi,) c’est difficile d’avoir toujours le rôle de la  »Méchante » tout le temps. d’imposé des limites, de faire comprendre que même si papa a que de bonne intention, les limites, l’encadrement c’est important aussi pour un mode de vie sain. les papas ne sont pas toujours à blâmer, ils ne viennent pas tous avec une aisance pour un rôle monoparental et comme mentionnez plus haut, ils veulent plaire et ne pas tomber dans l’oubli, surtout s’ils sont l’instigateur de la séparation. l’important selon moi même si ce n’est pas évident, se parler. communiquer et essayer de s’entendre sur l’éducation des enfants. très beau texte !

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      1. Je me disais celà en lisant…Moi je suis celle qui fait les devoirs, qui achète la nourriture avant les choses superflues, celle qui encadre …bref…celle qui doit.dire Non.
        Et qui doit expliquer qu’ aimer.et élever ça veut dire ça aussi. J’ ai pas le choix car il est ici à temps plein. Le.laisser faire.tout ce qu’ilveut serait l’ anarchie à semaine longue. Je me dis souvent qu’il finira par vouloir aller habiter la bas puisque je suis si  » casse-pied » mais dans sa tête de garçon de 8 ans, il n’ a pas songé qu’ une seule.fin de semaine et le voilà tout cerné, moins poli et mangé selon ses petits goûts ( hein de bons pogo )…
        Il réaliserait que probablement à la semaine longue possiblement ( et ce serait souhaitable ) que papa deviendrait moins cool… Que les.légumes, les.devoirs et le bains feraient surface…ou alors que l’ anarchie 24/7 si (celle-ci perdure) que c’est anormal.
        Bref, tout ça défile dans ma tête de maman quand je me mord le dedans de.la joue pour ne pas réagir trop devant un :  » c’ est plate ici maman » papa lui y m’ amène au cinéma ( eh oui…moi j’ ai tout acheté et veillé à ce que tu ne manques de rien et j’ ai même mis mes.propres besoins et goûts de côté mon minou..car avant le cinéma, on avait d’autres besoins… )
        Mais par amour, toujours je tait tout celà…
        Je me sais pas quel côté de médaille est le meilleir, j’ espère malgré tout que c’est le mien:)

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    2. C’est très touchant, je crois que chacun à notre manière, on ne veut pas être oubliée ou délaissée par son enfant qu’on chérie de toute nos force. On a toujours cette petite peur quand on n’es plus avec l’autre parent que notre enfant soit plus heureux chez l’autre que chez soie.je crois que le mieu pour notre enfant c’est de faire de notre mieu pour lui donnée notre amour et la disipline qu’ils ont besoin quand il le faut. Un jour ils te remercierons . Il faut être patient et aimant.

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  2. je me souviens de ses temps la je viens d’avoir 50ans et ma fille est dans cet situation la et je lui dis aujourd’hui avec la sagesse que j’ai acquis avec le temps que nos enfants nous sommes prete pour qu’on les accompagne dans leur chemin au role d’adult et non un object qui nous appartient je sais que nos enfants on les ports pour plus de 9 mois mais quand il est la on veux le meilleur pour eux mais attention trop les mettre dans la ouate on peux aussi leur nuire. merci de partager ton message et j’espere que vas attendre beau de gens dans la meme situation et que sa leur aider a passer au travaire.

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  3. Wow!
    J’en pleure… C’est tellement ce qu’on ressent, à chaque moment, de chaque jour, même si effectivement, tout s’adoucit avec le temps… Mais oui, la culpabilité d’avoir « eu hâte » qu’ils partent et de s’ennuyer dès qu’ils ont passé le pas de la porte….
    Merci pour ce texte!

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  4. Je devrais trouver ça chouette quand tu pars même si j’ai l’impression d’arrêter de vivre 1 week-end sur 2 le plus dure reste quand tu reviens après 2 jours.
    De retour dans ta maison tu me demande encore d’aller chez Papa, tu veux rester avec papa pour la simple raison que avec Papa il a pas horaire de discipline etc..
    Tu me boude, tu pleurs, tu fais tous les temps, …..
    Mais c’est à ce moment que je me sens tellement impuissante car ton Papa lui ne veux pas que tu y retourne avant 2 semaine car pour lui il en fait déjà assez.
    Comment dois-je t expliquer du haut de tes 4 ans. Que tu reverras Papa seulement dans 2 semaines et que pour seulement 2 jours.
    Et que a ton retour le tout sera a recommencée.
    Quand on l’appelle à ta demande tu pleures toute les larmes de ton petit corps, la lueur d’innocence dans tes yeux s’éteint petit par petit peu car rien ne lui fera change d’idée.
    Tu as mal en dedans et Maman ce sent détruite de te faire vivre cette tristesse a ce si jeune âge. Pardonne moi mon ange un jour tu comprendras.

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  5. Je ne cesserai jamais de te le dire! J’adore tes écrits… Particulièrement cet article où tu as dépeints certaines de mes craintes. Mon fils, n’a pas revu son père depuis l’âge de 09 mois et il a 15 ans aujourd’hui presque 16 à quelques mois près. Je suis revenue au Québec quelques mois après sa naissance et le père est en Afrique.

    Depuis quelques années, ce dernier se fait beaucoup plus présent dans la vie de notre enfants. Ils se parlent au téléphone et s’écrivent. Le père souffre de ne pas voir son enfant, mais j’ai des craintes…Peur que mon fils m’oublie, préfère rester avec son père car avec moi, je suis trop sévère, trop chiante, trop à cheval sur des tas de choses. La vie est réglée comme sur du papier à musique, serait-ce la même chose avec lui, son père?

    Une pensée au fond de moi reste bien ancrée dans mon esprit, au plus fort de mes angoisses. L’amour d’une mère ne s’oublie pas, ne s’efface pas. Lorsqu’il verra son père, il sera heureux, il fera des tas de choses avec lui… Ils ont des tas d’années à rattraper… Mais quoiqu’il arrive, je resterais à ses yeux la personne, la mère, qui l’a élevé, soigné et aimé par-dessus tout.

    Pour terminer, merci pour tes articles, qui me permettent de réfléchir et qui sont tellement éloquents.

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  6. euh…j’veux pas faire mon  »casseux » d’party là mais…chez moi…mes gars mangent des légumes aussi , ils sont encadrés et des limites sont établies…pendant la période scolaire , ils ont des heures à respecter et des tâches à accomplir pour leurs travaux scolaires…Souvent même , les règles sont plus strictes ici que chez leurs mères , qui souvent , justement par peur que l’enfant ne l’aime plus , s’assouplissent jusqu’à en perdre le contrôle . Il est important de garder de bons liens avec ses enfants mais aussi de garder cette discipline qui font de nous des parents et non des amis , sinon , à l’adolescence , c’est là que le parent qui se relâche en paye le prix . Vous semblez trop souvent oublier que , nous aussi , les pères , avons un cœur et qu’il est aussi difficile pour nous de se séparer de nos enfants

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